Voyage en Aragon
La généalogie dans le cartable, nous voici partis sur les traces des ancêtres de José dans le petit village aragonais de Huerto en compagnie de ses cousines germaines. Moments très forts, quand on a pas remis les pieds depuis 50 ans. Des cousins nous accueillent avec une joie aussi grande que les paysages ocrés. L'église du village construite en pierre de taille en grés et en briques trône en périphérie et s'embrase d'une lumière chaude soleil couchant. Village semi-désertique comme la plupart en Espagne loin des littoraux, avec des maisons fermées devenues pour majorité secondaires, voir en ruines. Des souvenirs de la guerre d'Espagne remontent à la surface avec des témoignages intenses recueillis auprès des anciens nonagénaires qui sont revenus, il y a bien longtemps, après el exilio (retirada) et qui sont restés depuis au village, assis derrière les fenêtres, impuissants face à la désertification actuelle. Les alouettes chantent dans la campagne environnante et les perdrix s'envolent à la moindre approche. Les reliefs, buttes témoins, cuestas, sont coiffés de thym odorant et de chanvre qui sont balayés par les vents dont le cierzo qui amène les nuages et la pluie. Partout, la présence des Maures est inscrite dans le paysage avec des châteaux en ruine et des habitats troglodytiques conquis par les chrétiens. Certains petits castels ont été transformés en ermitage dont celui de Santo Domingo sur la commune de Huerto où se font chaque année des processions. Les noms des villages sont fortement hérités de l'arabe et que dire des généalogies après 800 ans d'occupation et des spécialités culinaires. Le blé qui était la culture reine dans les Monegros a laissé sa place au maïs qui se répand dans ce paysage désertique envahissant le moindre espace, voir le sommet des buttes. Fortement demandeuses en eau, les parcelles de maïs sont équipées d'asperseurs, l'eau provenant des barrages en amont dont ceux de Mediano et d'El Grado d'où part le canal del Cinca. Nous sommes allés les voir pour suivre le trajet de l'eau et pour comprendre la mutation du paysage agricole. Et évidemment, le niveau de l'eau est bas voir très bas sous l'oeil attentif de vieux amandiers et d'oliviers. Enfin, nous nous sommes rendus à une foire agricole à Sarinena où l'industrie agroalimentaire du maïs tenait un stand. Et nous avons réalisé combien le maïs prenait une place importante dans la consommation des aliments au quotidien aussi bien chez les gens que chez les animaux dit d'élevage. La farine de maïs sert entre autres aux nombreuses fincas ultra modernes qui se développent partout, dans lesquelles les cochons qui ne voient jamais le jour sont élévés à la chaine. Ils en sortent que pour aller aux abattoirs et on les voit passer dans les camions sur les autoroutes. Bref qu'en est-il du réchauffement climatique et du manque d'eau ainsi que des conditions d'élevage ? De quoi se poser de sérieuses questions.
La suite du voyage dans un prochain article sur mon blog.